Quest-ce que le bartering ?

Le « bartering » (ou « barter » qui signifie « troc » en anglais), désigne l’échange interentreprises. Il s’agit d’un système collaboratif par lequel une entreprise cède la propriété́ d’un bien ou délivre un service à une autre entreprise et reçoit en contrepartie un autre bien ou service. Cette transaction commerciale est ainsi opérée par « compensation » et non en numéraire. La transaction peut être valorisée par l’utilisation d’unités de comptes (monnaie virtuelle, etc.) spécifiques au réseau d’échanges dans le cadre duquel elle est réalisée.

Né dans les années 30 aux Etats-Unis où il était majoritairement pratiqué dans le secteur des médias, ce concept s’est progressivement développé dans d’autres pays avec l’essor d’Internet. Il vise désormais des entreprises de toute taille, quels que soient leur secteur d’activité et les produits ou services qu’elles proposent.

Comment ça marche ?

Les échanges peuvent être organisés de gré à gré par les entreprises d’un même secteur d’activité et/ou d’un même territoire géographique, qui se connaissent ou sont déjà en relation commerciale. Ils peuvent également intervenir au sein de plateformes d’échanges dématérialisées, gérées et animés par des courtiers professionnels lesquels ont un rôle d’interface et facilitent les rapprochements entre les membres du réseau.

Quels sont les avantages ?

Ce système présente l’avantage principal de permettre aux entreprises ayant besoin d’investir de préserver leur trésorerie en évitant des sorties d’argent. Il leur permet aussi de nouer des relations avec de nouveaux partenaires, de développer leur clientèle, de s’implanter sur de nouveaux marchés ou de nouvelles zones géographiques, tout en limitant les coûts de prospection commerciale. Enfin, les entreprises trouvent ici un moyen d’écouler leurs stocks dormants, de valoriser leurs actifs non ou sous-utilisés, ou encore leur main d’œuvre, en période creuse. Autant d’atouts qui ne sont pas négligeables en temps de crise.

Quels écueils éviter ?

Il est recommandé aux entreprises de ne recourir aux échanges interentreprises qu’en complément, et non en substitution, de leurs transactions habituelles. En effet, ces opérations ne génèrent pas de trésorerie pour l’entreprise qui doit continuer à assumer ses diverses charges courantes. De plus, si les échanges interviennent au détriment des ventes classiques, cela risque d’engendrer une perte de chiffre d’affaires. L’entreprise doit également veiller à identifier ses besoins et les produits ou services qu’elles peut proposer en échange, afin de ne pas se séparer d’actifs stratégiques et d’acquérir des actifs qui ne lui sont indispensables. Enfin, l’échange doit être réalisé à un « juste prix ». Il est conseillé de fixer une valeur d’échange correspondant au prix du marché, même si elle peut bien entendu être négociée entre les partenaires.

Bon à savoir :

En France, le bartering est légal du point de vue juridique, comptable et fiscal. Les échanges interentreprises s’analysent comme des ventes de biens et de services compensées par un achat de valeur équivalente sans générer de mouvement de trésorerie. Ils sont soumis à TVA comme une transaction classique. Une facture doit être émise pour chaque échange et comporter la mention « en compensation ». Enfin, l’entreprise qui délivre un produit ou un service par compensation est tenue par les mêmes obligations légales à l’égard du bénéficiaire que pour une transaction classique (garanties légales du vendeur, responsabilité des produits défectueux, etc.).

Stéphanie Yavordios

Publication dans le journal Le Progrès du 4 mai 2021